La création de la Délégation à la Sécurité Routière marque un changement institutionnel décidé par décret le 24 mai 2023. Rattachée au ministère de l’Intérieur, cette instance succède à la Délégation à la Sécurité et à la Circulation Routières.
La direction de cette nouvelle entité a été confiée à Florence Guillaume, ancienne préfète déléguée à la sécurité et à la circulation routières. Son mandat s’inscrit dans une période de réorganisation des politiques publiques en matière de sécurité routière, avec des priorités clairement établies par le gouvernement.
Qui pilote aujourd’hui la sécurité routière en France ?
Qui veille, chaque jour, sur l’immense toile de nos routes françaises ? La direction de la sécurité routière s’inscrit au centre d’un dispositif national complexe, où tout s’orchestre par strates successives et responsabilités croisées. À Paris, la stratégie s’appuie sur le Gouvernement français, épaulé par deux ministères pivots :
- le ministère de la Transition écologique et solidaire, sous la houlette de Élisabeth Borne
- le ministère de la Transition énergétique
Le Secrétariat d’État chargé des Transports, piloté par Jean-Baptiste Djebbari, joue aussi un rôle clé dans la définition des grandes orientations relatives à la gestion et à la protection du réseau routier national.
Prenons un exemple concret : la Direction interdépartementale des routes Nord-Ouest (DIRNO). Cette structure régionale incarne, sur le terrain, l’action concrète de l’État : surveillance, entretien, sécurisation des axes les plus empruntés. L’accident tragique d’un agent lors d’un balisage sur la RN 175, le 27 mai 2020, rappelle brutalement les risques inhérents à cette mission et la nécessité d’une coordination sans faille entre technique et politique.
L’organisation de la direction repose également sur un réseau dense de services déconcentrés, de directions des ressources humaines et d’unités opérationnelles. Chacune de ces entités déploie, chaque jour, les décisions prises à Paris. Gestion de crise, prévention, sécurisation : autant de tâches menées tambour battant. L’État, moteur de l’ensemble, détermine la marche à suivre, alloue les moyens, dessine les priorités. Et surtout, la mission ne s’arrête plus à la simple circulation : elle englobe la protection des agents et la sensibilisation active de tous les usagers. L’ambition ? Une chaîne réactive, transversale, qui refuse la routine au profit de la vigilance partagée.
Mesures phares et initiatives récentes de la Délégation à la Sécurité Routière
En réaction à l’accident mortel survenu le 27 mai 2020 à Saint-Quentin-sur-Le-Homme, la Délégation à la sécurité routière a lancé une nouvelle offensive de sensibilisation à destination des usagers du réseau national. Ce drame a agi comme un coup de semonce, précipitant la relance de la campagne « À vous aussi d’écarter le danger ». Son objectif : faire prendre conscience, sans faux-semblants, des risques encourus par les agents en intervention sur la chaussée.
Pour toucher le plus grand nombre, la campagne mise sur plusieurs outils complémentaires :
- Un film 360° qui immerge le spectateur dans la réalité du danger,
- Un spot radio rythmé par la chanson de Charles Trenet « Vous qui passez sans me voir », un choix qui interpelle par sa justesse,
- Des bannières Internet et un publireportage pour renforcer l’impact,
- Des flyers multilingues, douze langues mobilisées pour s’adresser à tous les profils d’usagers.
La hausse de 23 % des accidents sur zones de chantier entre 2014 et 2019 ne laisse place à aucune indifférence. Depuis le déconfinement, deux accidents graves, dont la mort d’un agent et celle d’un usager, rappellent la gravité persistante de la situation. En parallèle, l’arrêt temporaire des chantiers durant la crise sanitaire a bouleversé le calendrier des interventions, exposant agents et automobilistes à des risques accrus lors de la reprise.
Désormais, forces de l’ordre et services de la route conjuguent leurs efforts et s’appuient sur une communication repensée pour placer la protection des agents et des usagers au centre de leur action. La stratégie ne se limite plus au contrôle ou à la répression : elle vise à opérer une véritable transformation des comportements, sur chaque portion du réseau.
Comment chacun peut s’impliquer dans la prévention et la vigilance sur nos routes
Chaque année, sur l’ensemble du réseau, les agents des routes mènent près de 800 000 interventions de maintenance ou d’assistance. Leur engagement se paie parfois au prix fort. Les chiffres sont là, implacables : entre 2014 et 2019, 180 agents blessés et 5 morts lors d’opérations de balisage ou d’assistance, auxquels s’ajoutent 440 blessés et 15 morts parmi les usagers.
La vigilance ne s’improvise pas. Sur chaque chantier, dans chaque zone balisée, le respect des règles s’impose à tous : ralentir dès l’apparition des panneaux, maintenir les distances de sécurité, anticiper les réactions. Le code de la route n’est pas une option, mais une protection.
Le cas des poids-lourds en dit long sur la disproportion du risque : ils représentent moins de 15 % du trafic, mais sont impliqués dans 44 % des accidents sur chantiers routiers. Une seconde d’inattention, un freinage insuffisant, et la catastrophe devient inévitable. Services de police et opérateurs rappellent la nécessité d’une formation continue et d’une sensibilisation permanente, appuyées par la diffusion régulière d’informations.
Adapter sa vitesse, rester attentif à tout instant, intégrer les messages transmis par les campagnes nationales : voilà le socle sur lequel repose la sécurité de tous. Protéger les agents, protéger les usagers, c’est d’abord une question de responsabilité partagée, un engagement qui ne tolère ni relâchement ni compromis.
La route n’oublie rien. À chaque carrefour, chaque chantier, le choix de la prudence peut changer le cours d’une vie. Et demain, qui sera le visage de la vigilance ?


